Impressions sur : Spider-Gwen (tome 1)

L'Araignée n'est pas celle que l'on croit...

Bonjour (bonsoir) à tous!

Encore une fois, on va parler de comics. Mais cette fois-ci, on passe du côté de Marvel avec une sortie récente. Personnage phare de Spider-Man, du moins jusqu'à sa mort, Gwen Stacy, premier amour de Peter Parker, a souvent été délaissée au profit de Mary-Jane Watson, en particulier ces dernières années. Cette fois, Gwen a droit à sa série, une série bien particulière comme on va le voir...

Comme le titre de la saga le laisse entendre, il n'est pas question ici d'une nouvelle histoire de Peter Parker/Spider-man, mais bien d'une remise à zéro de ce que l'on connaît. Ainsi donc, ce n'est pas Peter qui a été mordu par une araignée radioactive, lui conférant les pouvoirs de ladite araignée avant de devenir Spider-Man, mais Gwen Stacy, devenant... Spider-Woman (bah oui, logique). Evidemment, il s'agit d'un univers parallèle découlant d'une série antérieure, utilisant à bloc le multivers et différentes itérations de Spider-Man (on a même droit à Spider-cochon, oui, vous avez bien lu). Je ne vais pas revenir en long et en large là-dessus, sachez simplement qu'il s'agit d'un monde parallèle, ce qui permet d'expliquer l'existence à la fois de Spider-Man et de cette nouvelle Spider-Woman. Le contexte est expliqué dans un petit résumé au début du livre, qui permet de s'en sortir. Cependant, on aura parfois l'impression de passer à côté de quelque chose si l'on n'a pas lu les origines du personnage. Il s'agit d'un "mal" commun à beaucoup de comics, obligeant à lire plusieurs sagas pour avoir toutes les cartes en main. C'est relativement désagréable, mais l'on s'y fait, et, au final, Spider-Gwen se suit sans trop de problèmes. L'avantage découlant de cet inconvénient est que l'on est plongé directement dans le vif du sujet, puisque la "création" du personnage a déjà été racontée.

En conséquence, le rythme est satisfaisant, et l'on ne s'ennuie pas à lire Spider-Gwen. Alors que Spider-Woman est relativement, voire très, impopulaire, elle tente tout de même de protéger New-York et ses habitants, notamment du Vautour, relié à un certain Caïd, accompagné d'un avocat véreux du nom de... Matt Murdock (Daredevil). Ce contexte, retournements et détournements de ce que l'on connaît, sont particulièrement intéressants, et souvent pas mal trouvés. On est très vite dans l'action, et vite pris par les doutes et les problèmes de l'adolescente qu'est Gwen.  L'auteur, Jason Latour, met en place un certain nombre d'éléments très intéressants. Le problème est qu'aucun n'est vraiment très développé. On peut citer la relation de Gwen et de son père, la culpabilité qu'elle ressent vis-à-vis de la mort de Peter (car, oui, il est mort, prenant ainsi la place de Gwen dans la version originale), le fait qu'elle délaisse sa vie de Gwen Stacy pour son alter-ego encapuchonné (pensant ainsi fuir ses problèmes), la relation qui semble se dessiner avec Matt Murdock... La liste continue encore. Tout ce que Spider-Gwen aborde est intéressant, et rythmé, mais peut-être aurait-il mieux valu montrer moins d'éléments, pour en développer plus profondément. Ceci dit, ce n'est que le premier tome, il n'est pas anormal qu'il lance des pistes qui seront développées plus tard. Quoi qu'il en soit, on a tout de même l'impression de rester en surface des choses, et le tome 2 devra aller nettement plus loin. Le combat contre le Vautour passe un peu rapidement, et l'arrivée de Felicia Hardy, sorte de Lady Gaga revancharde (oui, c'est bizarre) intervient presque comme un cheveu sur la soupe.

Il y a beaucoup de choses dans ce premier tome de Spider-Gwen, toutes méritant d'être approfondies par la suite. En tous les cas, la lecture est agréable et, même si l'humour est moins présent que dans Ms. Marvel, et que Gwen est, globalement, peut-être moins attachante que Kamala Khan (difficile de faire mieux), l'ensemble fonctionne bien et se suit avec grand plaisir. Le caractère dépouillé du dessin ne plaira pas à tout le monde, mais après un petit temps d'adaptation, on s'y fait, et on en découvre certaines subtilités. Quelques couvertures intérieures sont particulièrement réussies (l'une rappelant agréablement le travail observable sur Batgirl), et le style est dynamique, efficace, soutenant bien le rythme général.

Ennemie publique?, premier tome de cette saga de Spider-Gwen, fait le job. Il met en place des éléments intéressants, et s'appuie sur un rythme quasi sans faille pour emporter l'adhésion. Néanmoins, à force d'établir de nombreuses pistes, on reste constamment en suspens, à la surface des choses. Pas de panique à avoir, il ne s'agit que d'un premier tome, mais le second se devra d'approfondir les choses, notamment l'influence du Caïd, et la relation de Matt Murdock et Gwen. Pour le moment, Spider-Gwen établit une base plutôt solide, sans nul doute intéressante, et c'est suffisant.

Traynor