Billet d'humeur The Musketeers

Un pour tous

Bonjour (bonsoir) à tous !

Tout le monde connaît au moins vaguement le roman d'Alexandre Dumas, Les trois mousquetaires. Outre les nombreuses adaptations cinématographiques, françaises ou étrangères, pour la plupart relativement éloignées de l'histoire d'origine, et/ou d'un certain standard de qualité (n'est-ce pas, Paul W.S. Anderson?), la télévision a aussi eu droit à ses productions tirées de l'oeuvre. Aujourd'hui, nous allons parler de la dernière en date : The Musketeers, produite par la BBC, et diffusée en France, malheureusement, sur la chaîne culturelle NRJ 12 (un sarcasme, où ça ?...).

Si l'on a eu le dessin animé décalé, et moins stupide qu'il en avait l'air, Albert le Cinquième Mousquetaire (oui, certains d'entre vous, les plus vieux peut-être, s'en souviennent), The Musketeers est, non seulement tournée en live action, donc avec de vrais acteurs, mais prend le parti de faire quelque chose de sérieux. Plutôt, voire très, librement adaptée du roman, la série propose néanmoins de suivre les aventures des bien vite quatre mousquetaires. On s'attend à ce que D'Artagnan, le plus jeune, et pas le moins fougueux, soit le personnage principal. Ce n'est pas tout à fait le cas. Au cours des trois saisons diffusées (la dernière très récemment), chaque mousquetaire a son importance, son histoire, ses moments de gloire, y compris leur capitaine, Tréville. Si, dans les premiers temps, D'Artagnan est effectivement au centre des attentions, car c'est par ses yeux que l'on découvre l'univers des mousquetaires et de la série, bien vite, on prend le temps de découvrir les autres personnages. Evidemment Athos, Portos, et Aramis, mais aussi le couple régnant, Louis XIII et Anne d'Espagne (et non d'Autriche, comme dans l'oeuvre original) Tréville donc, et Constance Bonacieux.

On voit donc évoluer ces personnages et leurs situations, dans un contexte où le peuple à Paris est majoritairement pauvre, et la France en guerre contre l'Espagne (et non l'Angleterre, comme on s'y attendrait, peut-être car il s'agit d'une série anglaise). La part belle est faite aux intrigues et machinations diverses, la cardinal de Richelieu et son « bras armé », Milady de Winter, étant au centre des attentions durant les deux premières saisons. Ainsi, de manière plus ou moins indirecte, les mousquetaires s'opposent-ils aux forces du Cardinal, qui manipule avec une certaine habileté le roi Louis, et tout ou partie de son entourage, à l'exception de la reine qui ne l'apprécie guère. L'établissement des personnages se fait de façon plutôt habile, et le fait que chacun ait droit à ses moments, à sa sous-intrigue, est agréable. Aussi a-t-on l'impression de tous les connaître parvenu à un certain point de la première saison. Leurs histoires ne se valent pas toujours, mais aucune n'est vraiment traitée par-dessus la jambe. Cependant, certains moments sont « faciles », et mettent en place un peu trop de raccourcis. Ceci ne nuit pas complètement à l'histoire, mais on a parfois du mal à tout à fait croire à ce que l'on nous met sous les yeux. Pareillement, la série ne s'encombre pas d'intrigues, et de sous-intrigues, trop complexes. On ne se trouve que rarement surpris de la tournure des événements, tout comme l'on se doute qu'il ne peut arriver grand-chose au groupe de héros (même si ce n'est pas aussi évident dans le livre).

Malgré cela, la série se suit agréablement. Son rythme est enlevé, et son univers, efficace, bien que sans doute trop simple pour quiconque connaissant un minimum l'Histoire. Cependant, ce qui nous est compté demeure suffisamment prenant, et ne s'égare pas, malgré la longueur des épisodes, tournant autour des soixante minutes. On ne s'ennuie que peu et, même si le principe reste le même, la troisième saison est assez différente du reste, ne serait-ce qu'en raison du temps qui sépare ce nouveau contexte du précédent. Les scénaristes tâchent de faire en sorte que les personnages ne soient pas trop manichéens, même si les mousquetaires sont évidemment des héros. Un vrai problème vient du fait que la série est jouée en anglais, là où elle aurait été, de fait, mieux en français. Certains mots conservés dans la langue de Molière sonnent d'ailleurs étrangement, d'autant plus qu'une partie est prononcée sans accent, et l'autre de façon typiquement anglaise. Ceci dit, ce n'est pas un encouragement à regarder en version française, celle-ci demeurant du doublage, avec tous les inconvénients inhérents à cela. Simplement, il est nécessaire de se départir de cette étrange sensation, accentuée par le fait que la série n'est évidemment pas tournée en France, mais en Tchéquie. Quoi qu'il en soit, la BBC sait faire des séries bien construites, et ce qui aurait pu être facilement ridicule passe plutôt bien au final. The Musketeers n'est pas une grande série, toutefois parvient-elle à se suivre sans peine, et à se montrer agréable à de nombreux moments. Pour les mordus de série, notamment en costumes, The Musketeers reste à voir, d'autant plus que c'est également l'occasion de retrouver des acteurs anglais aperçus dans d'autres séries et/ou films.

The Musketeers est une série sans grand génie, mais qui gagne plutôt à être vue, ne serait-ce qu'en raison de sa position un brin décalée par rapport au courant des séries actuelles. Bien interprétée, et possédant un rythme assez enlevé, ainsi qu'un univers intéressant (bien que relativement peu complexe), la série a une certaine classe, un petit charme, qui accrochent très vite.

Traynor