Retour sur Blacklist

Liz et Red sont dans un bateau...

Bonjour (bonsoir) à tous!

Après avoir évoqué ensemble la série de la BBC consacrée aux trois mousquetaires, on change aujourd'hui complètement d'univers, puisque l'on va aborder le cas de Blacklist, alors que la troisième saison (déjà) a démarré sur TF1 il y a quelques semaines. C'est parti!

On a avec Blacklist une série assez typiquement américaine. Non seulement elle se passe aux Etats-Unis, mais elle relate des événements en lien avec le terrorisme international, des sociétés secrètes, des espions, des machinations, le FBI, et encore d'autres éléments que l'on commence à très bien connaître. Le pitch de base est relativement simple: l'homme le plus recherché du monde, Raymond "Red" Reddington, joué par l'excellent et cabotin James Spader, se rend au FBI, à la surprise de tous. Plus surprenant encore, il exige de ne parler qu'à l'agent encore relativement inexpérimentée, Elizabeth Keen, interprétée par Megan Boone, qui trouve là son premier rôle marquant après avoir enchaîné les apparitions plus ou moins intéressantes. On peut dire que cette dernière est le personnage principal de la série, même si Red a tendance à inonder le show de sa présence (ce qui n'est pas illogique). En contrepartie de cette demande à laquelle les décideurs accèdent, Red leur fournit des informations cruciales afin de mettre hors d'état de nuire des dizaines de dangereux criminels recherchés, soit la fameuse "blacklist".

Ainsi, la première saison établit un cadre vu et revu, où chaque épisode est l'occasion pour l'équipe d'Elizabeth de se confronter à une nouvelle menace à arrêter donnée par Red, qui demeure enfermé dans une cellule de laquelle il est impossible de s'échapper. C'est ultra-classique, il est aisé d'en convenir. Blacklist ressemble alors à bon nombre de séries policières, connues et moins connues, avec un petit côté "sous-marin", dû au fait qu'il s'agisse d'agents du FBI. Toute proportion gardée, on n'est parfois pas loin de la première saison d'Alias, même si, sur le fond, cette dernière était plus intéressante. Cependant, le personnage, soufflant le chaud et le froid, de Red, est suffisant pour capter l'attention, alors même que sa relation avec Lizzie se développe petit à petit.

La série ne brille pas par son originalité, et l'équipe de Keen possède tous les membres auxquels on s'attend dans un show de ce genre, notamment le "gros bras" suivant les règles, et l'expert en informatique, avec quelques clichés du geek à la clé. Et pourtant, Blacklist dégage quelque chose presque immédiatement, un petit truc qui nous fait continuer à regarder. A vrai dire, elle est d'une efficacité assez redoutable. Oui, elle joue sur des codes usés jusqu'à la corde, mais elle le fait avec une certaine science, une précision quasi-chirurgicale. Il n'y a aucun génie, mais une maîtrise du rythme et des rebondissements forçant sinon l'admiration, au moins le respect. Car, aux enquêtes dans le présent, s'ajoutent évidemment le mystère de la relation qu'entretient Red avec Liz, posant la question de la raison pour laquelle il s'intéresse à elle, et donc le passé de cette dernière, qui est plus complexe qu'elle ne le croit elle-même.

La série entretient son suspens, et développe peu à peu ses qualités, ce qui fait finalement le coeur de son histoire, à savoir Red et Liz, ce qui les relie, leurs évolutions respectives, ainsi que leur évolution commune. La saison 2 poursuit ce qui a été entamé dans la première, en mettant en évidence une conspiration et une organisation secrète ayant infecté tous les niveaux de l'état (ce n'est pas un gros spoil). On est de nouveau dans une classique histoire d'espionnage, cependant, les personnages se font plus complexes, à mesure que les révélations s'enchaînent, et une vraie complicité se noue entre Red et Liz, et même avec les autres, faisant évoluer l'équipe de manière à la fois naturelle, et étrange, Red en devenant presque un membre à part entière. La situation se faisant de plus en plus tendue et désespérée, Elizabeth est confrontée à son passé, et à des choix difficiles pour son avenir. Et l'une de ses décisions amène un changement majeur dans la série.

Là où les deux premières saisons étaient efficaces, à défaut d'être originales, la troisième n'hésite pas vraiment à renverser la situation. Le final de la saison 2, sans spoil, est marquant, puisqu'il opère un véritable changement, auquel ne semblait pas être promise la série. L'équipe se retrouve dans une situation très complexe, et Elizabeth évolue aux côtés de Red, dans une position plus que délicate. C'est l'occasion de creuser encore la relation des deux protagonistes, et de rendre Red définitivement plus humain, plus touchant, tant il est évident qu'il aime Liz et ferait tout pour la protéger. Cette fois, ils se font mutuellement confiance, ce qui est absolument indispensable vu le contexte. Ce dernier n'est en lui-même pas très original, mais il a le mérite de rompre la relative monotonie instaurée au cours des deux saisons précédentes.

Une fois encore, les scénaristes et créateurs ont opéré ce retournement de situation précisément au moment où il le fallait, conservant ainsi l'intérêt du spectateur. De plus, parvenu à la troisième saison, on s'est logiquement attaché aux personnages, et d'autres, qui étaient demeurés en retrait jusque-là, se trouvent obtenir un développement plus profond. C'est le cas de Ressler par exemple. Le contexte de machination est plus écrasant que jamais, entraînant tous les protagonistes dans un gouffre de plus en plus profond. Les rebondissements demeurent relativement nombreux, tout en n'étant pas étouffants. Pour son bien, la série a pris le risque de changer assez drastiquement la situation de ses personnages principaux, faisant en sorte qu'elle demeure toujours rythmée et accrocheuse.

Au final, Blacklist est une série policière/d'espionnage loin d'être révolutionnaire, mais faisant néanmoins preuve d'une efficacité assez redoutable. Les rebondissements sont pertinents, et le coeur de la série, à savoir la relation entre Red et Liz, s'étoffe grandement avec le temps, et devient vite la raison pour laquelle l'on continue à regarder. On ne crie à aucun moment au génie, et elle demeure assez loin d'une série comme Alias; pour autant, Blacklist se laisse suivre agréablement.

Traynor