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Retour sur Daredevil (saison 2)

par Traynor, EpicMushu 3 Juillet 2016, 09:15 Séries

The devil of Hell's Kitchen

 

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Bonjour (bonsoir) à tous!

 

Alors que nous avons eu droit à la première saison décevante, malgré de très bonnes idées, de Jessica Jones, l'année dernière, c'était au tour de Daredevil de se montrer de nouveau. La première saison démarrait très lentement, et avait d'une manière générale quelques soucis de rythme, ce qui ne l'empêchait pas d'être, par ailleurs, à saluer. Loin du film avec Ben Affleck, et même des films Marvel actuels, Daredevil se permettait de proposer un programme pour adulte, fidèle à l'esprit du comics originel. La saison 2 avait une certaine pression sur ses épaules afin de rivaliser avec son aînée. Verdict.

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Malgré un changement de showrunner, la saison 2 de Daredevil se situe dans la droite lignée de la première. Aucune concession n'a été faite, et on retrouve Matt Murdock, avocat le jour, et justicier la nuit, un pan de sa vie prenant clairement le pas sur l'autre. Il n'est pas difficile de deviner lequel... Ainsi, ce fait devient source de tensions, à la fois avec Foggy, son partenaire de toujours, et Karen, leur assistante. Si l'on veut chipoter, on dira que ceci est un peu réchauffé, puisque la saison 1 établissait déjà ce genre de difficultés. Certes, cela va de pair avec l'immense majorité des super-héros, qui tentent de concilier leurs deux vies, mais on passe tout de même pas mal de temps là-dessus, alors qu'on sent les choses venir d'assez loin. La conséquence un peu gênante qui en découle, est que l'on a droit à certains dialogues peu inspirés parfois, voire à la limite d'une certaine niaiserie, notamment entre Matt et Karen, qui commencent une romance (même s'il faut le dire vite). On a droit de temps à autre à un discours vu et archi vu sur les super-héros, leur nature, leurs sacrifices, etc... Peut-être est-ce inévitable, mais il existe à certains moments un décalage entre ce côté classique des histoires de super-héros, et le ton général de la série, qui évite l'écueil de faire quelque chose d'infantilisant.

Les films Marvel ne se prennent pas vraiment au sérieux, et tablent sur un spectacle léger, sans grande prise de tête, un divertissement pur et dur. Les ambitions de Daredevil sont nettement plus élevées, et les chances de tomber, plus grandes. Bien sûr, il y a de l'humour, bien sûr, il y a des combats, mais ce n'est pas l'essentiel. Ainsi, certains moments sonnent un peu faux, un peu décalés par rapport au reste, ce qui est encore plus évident dans cette saison. Il est possible que ceci soit voulu, au moins dans une certaine mesure, mais la relation de Matt avec Karen est très clairement en porte-à-faux par rapport à celle qu'il entretient avec Elektra. Logiquement, la première est plus calme, plus "normale", tandis que l'autre est enfiévrée, dangereuse, et imprévisible. Mais le décalage apparaît trop grand, d'autant que, dans ce cas-là, même si Karen n'est pas inintéressante, Elektra crève beaucoup plus l'écran. Elle est l'une des réussites de la saison, sans conteste. D'une manière générale, Daredevil demeure une série maîtrisée, mais avec ses petites failles, notamment ce décalage de tons parfois trop marqué.

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Et on a à peu près fait le tour des points qui fâchent sur cette saison de Daredevil... Car, pour le reste, elle se révèle globalement supérieure à son aînée. Là où Jessica Jones n'arrêtait pas d'en rajouter pour donner l'impression de faire quelque chose d'adulte, de sombre, et de profond, Daredevil a plutôt tendance à demeurer relativement sobre. L'écriture n'est pas la plus fine que l'on ait vu non plus, mais l'histoire respecte toujours ses enjeux, les choix effectués, et s'établit de manière logique, naturelle. Sur le fond, les intrigues ne sont guère complexes, ce qui n'est pas un défaut, puisqu'elles ne manquent tout de même pas d'intérêt. Le combat du justicier dans la saison 1 était violent et désespéré, et ça ne change pas vraiment ici. L'un des points forts de cette première saison, était que le héros et son ennemi avaient les mêmes intentions: sauver Hell's Kitchen; et différaient seulement sur la méthode. On avait donc un antagoniste, plus qu'un "méchant", ce qui est déjà rafraîchissant dans l'univers très cloisonné des super-héros. La saison 2 poursuit ce genre d'intrigues un peu plus évoluées que d'habitude, avec la présence du (futur) Punisher Frank Castle, et d'Elektra. Les deux personnages donnent du fil à retordre à Daredevil, et surtout, le questionnent sur ses agissements, sur ce qu'il est en tant que justicier, en tant qu'être humain, ainsi que sur son idéal. Aucun d'eux n'est mauvais, ils ont simplement une histoire, difficile évidemment, et des motivations que l'on peut comprendre. Ainsi est-il tout à fait possible de s'identifier à eux. Ils ne sont pas vraiment des héros, tout au plus des justiciers (la nuance est importante), et ils ne sont pas des méchants. Ils font ce qu'ils pensent devoir faire.

A ce titre, les deux personnages sont très réussis, et leurs origines sont racontées de manière satisfaisante. On comprend ce qu'il faut comprendre, on sait ce que l'on doit savoir, et la série ne porte finalement que peu de jugements à leur encontre. On les met en perspective avec la société, les policiers, et/ou Daredevil lui-même évidemment. Ce qui est intéressant, c'est que de cette manière, le héros est également mis en perspective. C'est pertinent, et maîtrisé. De même que le reste de l'histoire. La série gagne en rythme avec cette saison 2, notamment par la multiplication des personnages et des points de vue. Plusieurs intrigues sont développées, sans forcément de rapport, à part Matt lui-même bien sûr, et sont l'occasion de convoquer beaucoup de protagonistes, anciens et nouveaux. Ceci aurait pu conduire à un fouillis en bonne et due forme, ce n'est pas du tout le cas. L'histoire s'établit de manière cohérente, sans forcer l'apparition de tel ou tel personnage, ou telle ou telle situation dramatique. Donc, on gagne en rythme, sans perdre en maîtrise. Si Matt se sent dépassé par moments, ce n'est pas le cas du spectateur, puisque l'on garde toujours un oeil sur les enjeux, et que la navigation entre les différentes parties de l'intrigue se fait aisément.

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Cette maîtrise de l'écriture permet aussi de ne pas forcer la réunion attendue des trois justiciers, qui se fait naturellement, tout de même évidemment à un moment-clé de l'histoire. De même, aucun rebondissement ne semble arriver comme un cheveu sur la soupe. Même s'ils sont relativement nombreux, aucun ne choque. Encore une fois, les scénaristes et showrunners ont clairement la volonté d'éviter les facilités. Certes, il demeure un ou deux raccourcis, puisque c'est inévitable, mais rien de rédhibitoire. La grande qualité de l'histoire de la saison 2 est qu'elle implique Matt/Daredevil très intimement, évidemment avec Elektra, puisque leur attirance complexe et mortifère est source de tension et de complicité, et aussi en convoquant ses vies publique/privée, et de justicier. Ainsi, le monde entier de Daredevil est mis sens dessus dessous par l'arrivée de ces deux nouveaux protagonistes. Pour le reste, chaque personnage a son/ses moments au cours de la saison, que ce soit Foggy, Karen (qui s'émancipe de plus en plus), ou Stick. Malgré l'évidente complexité des choix effectués concernant l'histoire et sa narration, aucun personnage n'est laissé pour compte, et aucune intrigue ne se révèle vraiment sous-exploitée.

De plus, l'interprétation des acteurs est toujours très bonne, les deux nouveaux venus étant sans problème à la hauteur. Ce genre de rôle physique convient aisément à Jon Bernthal, et il apporte la souffrance et la sensibilité inhérentes au personnage, une humanité indispensable. Oui, il serre beaucoup la mâchoire, comme le veut le personnage, mais pas seulement, il joue aussi avec pas mal de retenue et de subtilité. Quant à Elodie Yung, elle apparaît quasi-parfaite en Elektra, tueuse de sang-froid, élevée dans ce but, trahie, et pourtant empreinte d'une certaine candeur, autant que de tendresse. Elektra est un personnage appelant son lot de nuances, et elle se trouve incarnée avec brio. A l'instar de Frank Castle, on voit sa souffrance, sa folie, et son humanité, dans un mélange cohérent et attachant. Ils peuvent montrer des paradoxes, se révéler grands ou mesquins, comme tout être humain. En ce qui concerne les combats, ils sont toujours bien chorégraphiés, demeurent très organiques, trouvant un équilibre pas parfait, mais convaincant, entre le spectacle et la crédibilité. Le côté froid et "délicat" d'Elektra d'un côté, et l'ultra-violence du Punisher de l'autre, amènent également de la richesse aux affrontements, Daredevil étant un peu un mélange des deux. Certaines scènes sont assez mémorables, bien que l'une d'entre elles, où le combat se déroule sur plusieurs étages, soit un peu trop inspirée de la scène du couloir de la saison 1.

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La conclusion est aisée et sans appel: la saison 2 de Daredevil doit être vue. La série fait aujourd'hui partie des meilleures adaptations de comics, tous supports (et maisons d'édition) confondus. Cette saison mettant en scène le Punisher et Elektra se permet d'être plus convaincante que la première, grâce à un rythme plus élevé, une écriture toujours aussi maîtrisée, et deux personnages très bien traités. Les défauts que l'on trouve se révèlent superflus, et les treize épisodes passent en un souffle. Daredevil devient presque un modèle de ce qu'il est possible de faire en terme de super-héros à l'écran, et se pose comme une alternative entièrement crédible aux autres productions, que ce soit au cinéma ou à la télévision.

 

Traynor

 

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